Tome 2 Défaire les murs et aller

soi, qui ne pourrait plus se qualifier en termes d’âge, mais en termes de présence progressive, incomparable et unique à chaque être, une capacité de durer selon des critères d’utilité ou de service ou de découverte qui n’ont plus rien d’égoïste et contribueraient à la manifestation d’une espèce nouvelle. Je dois ici employer beaucoup de mots pour tenter de dire ce quelque chose d’indicible et pourtant de très profondément physique, que j’ai perçu ou senti plusieurs fois ; et c’est ce moment de détresse impatiente que j’ai éprouvé e ce matin dans notre course, qui me l’a rappelé… Il est probable que mon ressenti de cette possibilité cellulaire soit plus clair ou mieux ancré, ou plus riche de perception du simple fait que je suis née femme, que mon corps, ce corps-ci, a vécu les cycles de la femme physique et côtoyé le mystère de la force créative plus intimement que le peut une conscience incarnée dans un corps d’homme ; cependant j’ai pu observer que toi, par exemple, en intégrant émotionnellement ta propre féminité, tu es en mesure de percevoir aussi cette profonde, très profonde clé de l’avenir, même si quelque chose de ce pouvoir ne t’est pas cellulairement et organiquement directement accessible. Et ce que tu as pu réaliser dans ton être individuel, tous les hommes de notre assemblée l’ont aussi, chacun à sa manière, réalisé. A de nombreux égar ds, ce conte que j’ai donc entrepris de rédiger, est un évènement qui s’inscrit à la fois dans ce temps linéaire, avec l’influx de ces douze enfants qui nous ont rejoints, et à côté du temps, dans un rythme plus profond et plus sûr ; et c’est aussi l’épanouissement d’une longue préparation. Lorsque nous l’avons d’abord tous ensemble conçu comme une exploration de l’esprit du partage, nos approches ont procédé de la surface vers l’intérieur et, bientôt, nous sommes donc parvenus à ce trésor que nous avons chacun reconnu, ce trésor

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