Tome 2 Défaire les murs et aller

C’est la vieille habitude, je suppose, de vouloir « agir » ; pourtant l’on sent bien que, même ceux qui se trouvent à la tête de pouvoirs formidables et peuvent commander – ou forcer – tous les échelons des nations et des sociétés, sont eux-mêmes les agents ou les instruments de forces très anciennes ; et l’on sent bien aussi que ces mêmes forces affrontent aujourd’hui la possibilité de leur ultime défaite – ou de l’acceptation de leur propre conversion définitive, et qu’ainsi elles précipitent l’enjeu pour, justement, profiter de l’aveuglement causé par cette accélération terrestre. L’élan qui nous a continûment habités ici sur la presqu’île, est un acte de foi et de confiance dans la force de l’harmonie, celle qui travaille partout sur la Terre, partout où elle trouve quelque réceptivité, quelque accueil ; on pourrait nous juger égoïstes et seulement occupés de notre propre histoire et survie, mais je crois qu’il s’agit d’autre chose, d’une nécessité d’appel cohérent et intèg re et offert, ici, dans la matière humanisée, n’importe où cela est possible. Il y a aussi, dans notre engagement et notre choix, une perspective de résistance, à laquelle et en laquelle nous joignons nos existences physiques, quoi qu’il arrive, car nous sommes conscients de l’enjeu : quelle force va régir la destinée de la Terre ? Et en fait, comme ce conte je l’espère le montrera, la venue de ces douze enfants et adolescents auprès de nous, ni voulue ni prévue, ni même imaginée, n’est -elle pas un peu de ce chemin s’ouvrant en nous tous, humains sur la Terre aujourd’hui, le chemin d’un lien conscient qui s’anime et prend la relève ? Ce n’est qu’en nous côtoyant et partageant notre atmosphère que chacun d’eux a pu réaliser le don de grâce intérieur qui se logeait déjà dans le silence de leur être ; et, s’il me semble évident qu’ils

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