Tome 2 Défaire les murs et aller

Douzième lundi

Le soleil est déjà haut, je me dépêche, avant l’arrivée des enfants sur le triangle pour l’heure d’exercice , de noter cette drôle de confirmation : hier soir lorsque j’ai pu te rejoindre, tu m’attendais avec du rire dans les yeux et un petit croquis déjà préparé à mon attention (je ne t’avais encore rien lu pourtant) : tu avais inscrit plein de petits bonshommes tout noirs et agités et un peu grotesques chacun tirant une sorte de corde ou de filin accroché au dos, à la croupe et aux talons d’un être qui tentait de se tenir droit vers la lumière et il y avait au-dessus de cet être comme un rayon vertical et, voilé par sa radiance, on pouvait distinguer deux bras tendus et un sourire sûr et tranquille… … Voici, j’ai été un peu distraite une partie de ce jour, après avoir lu un long message de Gan et de Gaur, qui s’étaient retrouvés pour quelques heures à l’occasion d’une conférence scientifique universitaire et avaient éprouvé le besoin de nous communiquer leurs observations par courriel, puisqu’ils ne peuvent le faire physiquement pour quelqu es temps encore, et ce message m’a rendue quelque peu songeuse : il y a évidemment de quoi s’alarmer et leur description de l’altération et de la corruption graduelles des conditions de travail pour les chercheurs, même en université, et des pressions qui s’exercent de plus en plus explicitement pour orienter leurs travaux vers certaines finalités et certains objectifs, est assez glaçante. Tout semble s’articuler autour et en fonction de l’ambition humaine à contrôler son environnement et exercer le pouvoir de Alors je me suis sentie nette : allons, marchons, nous sommes attendus !

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