Savitri - Book Two - Canto 9

Into a joyful stillness plunged their base; Their slopes through a hurry of laughter and voices sank, Crossed by a throng of singing rivulets, Adoring blue heaven with their happy hymn, Down into woods of shadowy secrecy: Lifted into wide voiceless mystery Their peaks climbed towards a greatness beyond life. The shining Edens of the vital gods Received him in their deathless harmonies. All things were perfect there that flower in Time; Beauty was there creation's native mould, Peace was a thrilled voluptuous purity. There Love fulfilled her gold and roseate dreams And Strength her crowned and mighty reveries; Desire climbed up, a swift omnipotent flame, And Pleasure had the stature of the gods; Dream walked along the highways of the stars; Sweet common things turned into miracles: Pain's self compelled transformed to potent joy Curing the antithesis twixt heaven and hell. All life's high visions are embodied there, Her wandering hopes achieved, her aureate combs Caught by the honey-eater's darting tongue, Her burning guesses changed to ecstasied truths, Her mighty pantings stilled in deathless calm And liberated her immense desires. In that paradise of perfect heart and sense No lower note could break the endless charm Of her sweetness ardent and immaculate; Overtaken by the spirit's sudden spell, Smitten by a divine passion's alchemy,

Leur base plongeait dans une joie immobile ; Pressées de voix et de rires dévalaient leurs pentes, Traversées par mille ruisseaux fredonnant, Adorant le ciel azur de leur hymne content, Jusque dans les bois d’une pénombre secrète : S’élevant dans un mystère ample et sans voix Leurs cimes montaient à une grandeur au-delà. Les Jardins des dieux du monde vital Le reçurent dans leur impérissable harmonie. Tout y était parfait, qui fleurit dans le Temps ; La Beauté était le moule de la création, La Paix une intense, voluptueuse pureté. L’Amour exauçait là ses rêves d’or et de rose Et la Vaillance ses grands songes de majesté ; Le Désir montait vif, une flamme omnipotente, Et le Plaisir y avait la stature des dieux ; Le Rêve marchait sur les voies des étoiles ; Des choses communes se changeaient en miracles : Surpris par le sortilège soudain de l’esprit, Frappé par l’alchimie d’une divine passion, La douleur même devenait une joie puissante Guérissant l’antithèse entre le ciel et l’enfer. Là sont incarnées les hautes visions de la vie, Réalisés ses espoirs, et ses rayons dorés Lapés par la langue dardée du mangeur de miel, Ses brûlantes conjectures changées en extases, Son grand souffle haletant apaisé dans le calme Et libérés et entiers ses immenses désirs. Dans cette perfection du coeur et des sens Nulle note inférieure ne peut rompre le charme De sa douceur ardente et immaculée ;

3

Made with FlippingBook Online newsletter