Savitri - Book Two - Canto 10

A half-intuition purpled in its sense; It threw the lightning's fork and hit the unseen. It saw in the dark and vaguely blinked in the light, Ignorance was its field, the unknown its prize. Of all these Powers the greatest was the last. Arriving late from a far plane of thought Into a packed irrational world of Chance Where all was grossly felt and blindly done, Yet the haphazard seemed the inevitable, Came Reason, the squat godhead artisan, To her narrow house upon a ridge in Time. Adept of clear contrivance and design, A pensive face and close and peering eyes, She took her firm and irremovable seat, The strongest, wisest of the troll-like Three. Armed with her lens and measuring-rod and probe, She looked upon an object universe And the multitudes that in it live and die And the body of Space and the fleeing soul of Time, And took the earth and stars into her hands To try what she could make of these strange things. In her strong purposeful laborious mind, Inventing her scheme-lines of reality And the geometric curves of her time-plan, She multiplied her slow half-cuts at Truth: Impatient of enigma and the unknown, Intolerant of the lawless and the unique, Imposing reflection on the march of Force, Imposing clarity on the unfathomable, She strove to reduce to rules the mystic world. Nothing she knew but all things hoped to know.

Une sorte d’intuition s’empourprait dans ses sens ; Il lançait la fourche de l’éclair dans l’invisible. Il voyait dans la nuit, tâtonnait dans la lumière, L’ignorance son champ, l’inconnu sa récompense. De tous ces Pouvoirs le plus grand fut le dernier. Arrivant tard d’un lointain plan de pensée Dans la cohue d’un monde irrationnel Où le sens était grossier et l’acte était aveugle, Et pourtant le fortuit semblait l’inévitable, Vint la Raison, la divine artisane trapue, A son logis étroit sur un rebord du Temps. Adepte de l’appareil et du plan bien conçus, La face pensive, les yeux rapprochés, scrutateurs, Elle prit son siège ferme et immuable, La plus forte, la plus sage des Trois Gnomes. Armée de sa loupe, de sa perche et de sa sonde, Elle considéra un univers objectif Et les multitudes qui y vivent et y meurent Et le corps de l’Espace et l’âme du Temps, Et prit la terre et les étoiles dans ses mains Pour faire son possible de ces choses étranges. Et les courbes géométriques de son projet, Elle multiplia ses entailles dans le Vrai : Impatiente de l’énigme et de l’inconnu, Intolérante du hors-la-loi, du singulier, Imposant la réflexion sur la Force en marche Et la clarté sur l’insondable, elle s’efforça De réduire à des règles le monde mystique. Elle ne savait rien mais espérait savoir tout. Vaillante et laborieuse et déterminée, Inventant ses grandes lignes de réalité

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