Savitri - Book Ten - Canto 4

The world is a spiritual paradox Invented by a need in the Unseen, A poor translation to the creature's sense Of That which for ever exceeds idea and speech, A symbol of what can never be symbolised, A language mispronounced, misspelt, yet true. Its powers have come from the eternal heights And plunged into the inconscient dim Abyss And risen from it to do their marvellous work. The soul is a figure of the Unmanifest, The mind labours to think the Unthinkable, The world is not cut off from Truth and God. In vain thou hast dug the dark unbridgeable gulf, In vain thou hast built the blind and doorless wall: Man's soul crosses through thee to Paradise, Heaven's sun forces its way through death and night; Its light is seen upon our being's verge. My mind is a torch lit from the eternal sun, My life a breath drawn by the immortal Guest, My mortal body is the Eternal's house. Already the torch becomes the undying ray, Already the life is the Immortal's force, The house grows of the householder part and one. How sayst thou Truth can never light the human mind And Bliss can never invade the mortal's heart The life to call the Immortal into birth, The body to enshrine the Illimitable.

Le monde est un paradoxe spirituel Inventé par un besoin dans l’Invisible, Une pauvre traduction pour la créature De Cela qui surpasse l’idée et la parole, Un symbole de ce qui ne peut être exprimé, Un langage mal prononcé et pourtant vrai. Ses pouvoirs sont venus des hauteurs éternelles, Ils ont plongé dans l’Abysse inconscient et obscur Et s’en sont élevés pour accomplir leur merveille. L’âme est une figure du Non Manifeste, Le mental s’efforce de penser l’Impensable Et la vie d’appeler l’Immortel à prendre forme Et le corps d’enchâsser l’Illimitable. Le monde n’est pas séparé de la Vérité. En vain tu as creusé le gouffre infranchissable, En vain tu as érigé la muraille sans porte : L’âme de l’homme te traverse et trouve le Ciel, Le soleil force sa voie dans la mort et la nuit ; Sa lumière apparaît aux confins de notre être. Mon mental est une torche du Feu éternel, Ma vie un souffle inhalé par l’Hôte sans mort, Mon corps mortel est la demeure du Pérenne. Déjà la torche devient le rayon permanent, Déjà la vie est la force de l’Immortel Et la demeure devient part de l’habitant. Dis-tu que la Vérité ne peut éclairer l’homme, Ni la Béatitude envahir son cœur, ni Dieu Jamais descendre dans le monde qu’Il créa ? Si dans le Vide la création s’éleva, Si d’une Force sans corps la Matière naquit, Si la Vie a pu monter dans l’arbre inconscient, Sa verte joie éclore en feuilles émeraude

Or God descend into the world he made? If in the meaningless Void creation rose, If from a bodiless Force Matter was born, If Life could climb in the unconscious tree, Its green delight break into emerald leaves

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