Savitri - Book Ten - Canto 3

Mid the forced marches of the great dumb stars, A darkness occupied the fields of God, And Matter's world was governed by thy shape. Thy mask has covered the Eternal's face, The Bliss that made the world has fallen asleep. Abandoned in the Vast she slumbered on: An evil transmutation overtook Her members till she knew herself no more. Only through her creative slumber flit Frail memories of the joy and beauty meant Under the sky's blue laugh mid green-scarfed trees And happy squanderings of scents and hues, In the field of the golden promenade of the sun And the vigil of the dream-light of the stars, Amid high meditating heads of hills, On the bosom of voluptuous rain-kissed earth And by the sapphire tumblings of the sea. But now the primal innocence is lost And Death and Ignorance govern the mortal world And Nature's visage wears a greyer hue. Earth still has kept her early charm and grace, The grandeur and the beauty still are hers, But veiled is the divine Inhabitant. The souls of men have wandered from the Light And the great Mother turns away her face. The eyes of the creatrix Bliss are closed And sorrow's touch has found her in her dreams. As she turns and tosses on her bed of Void, Because she cannot wake and find herself And cannot build again her perfect shape, Oblivious of her nature and her state, Forgetting her instinct of felicity,

Parmi les marches forcées des grandes étoiles, Une ténèbre occupa les espaces de Dieu, Et la Matière fut gouvernée par ta forme. Ton masque a couvert la face de l’Eternel, La Joie qui créa le monde s’est endormie. Abandonnée dans le Vaste elle s’engourdit : Une transmutation mauvaise prit possession De ses membres ; elle perdit conscience d’elle-même. Seuls virevoltent dans sa torpeur créative De frêles souvenirs de bonheur et de beauté Sous le rire du ciel parmi les arbres parés Et l’heureuse dépense de senteurs et de teintes, Au long de la promenade dorée du soleil Et dans la clarté de songe des étoiles, Entre les têtes méditantes des collines, Sur le sein de la terre baisée par la pluie Et devant le saphir de la marée déferlante. Mais à présent la première innocence est perdue Et la Mort et l’Ignorance gouvernent ce monde Et la face de la Nature est teintée de gris. La Terre pourtant a gardé sa grâce et son charme, La grandeur et la beauté sont encore siennes, Mais le divin Habitant est voilé. Les âmes se sont écartées de la Lumière Et la grande Mère détourne sa face. Les yeux de la joyeuse Créatrice sont clos Et la peine est venue la toucher dans ses rêves. Comme elle s’agite sur sa couche de Vide, Parce qu’elle ne peut s’éveiller et se trouver Elle-même, ni reconstruire sa forme parfaite,

Oublieuse de sa nature et de son état, Comme de son instinct inné de félicité,

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