Savitri - Book Ten - Canto 2

A voice of the eternal Ecstasy. One day I shall behold my great sweet world Put off the dire disguises of the gods, Unveil from terror and disrobe from sin. Appeased we shall draw near our mother's face, We shall cast our candid souls upon her lap; Then shall we clasp the ecstasy we chase, Then shall we shudder with the long-sought god, Then shall we find Heaven's unexpected strain. Not only is there hope for godheads pure; The violent and darkened deities Leaped down from the one breast in rage to find What the white gods had missed: they too are safe; A mother's eyes are on them and her arms Stretched out in love desire her rebel sons. One who came love and lover and beloved Eternal, built himself a wondrous field And wove the measures of a marvellous dance. In the wild devious promptings of his mind He tastes the honey of tears and puts off joy Repenting, and has laughter and has wrath, And both are a broken music of the soul Which seeks out reconciled its heavenly rhyme. Ever he comes to us across the years There in its circles and its magic turns Attracted he arrives, repelled he flees. Bearing a new sweet face that is the old. His bliss laughs to us or it calls concealed Like a far-heard unseen entrancing flute From moonlit branches in the throbbing woods, Tempting our angry search and passionate pain. Disguised the Lover seeks and draws our souls.

Une voix du Ravissement éternel. Un jour je verrai mon grand monde adorable Rejeter les déguisements sinistres des dieux, Le voile de la terreur, la robe du péché. Apaisés, nous nous approcherons de notre mère, Poserons nos âmes candides sur ses genoux ; Alors tiendrons-nous l’extase que nous poursuivons Et frémirons-nous avec le dieu longtemps cherché, Et trouverons-nous, soudain, l’accent du Paradis. Cet espoir n’est pas que pour les pures déités ; De son amour désirent ses enfants rebelles. Lui qui vint, l’amour et l’amant et le bien-aimé Eternel, se bâtit lui-même un champ de prodige Et tissa les mesures d’une danse magique. Dans ses tours et ses cercles merveilleux Aimanté il arrive, repoussé il s’enfuit. Exhorté par sa pensée sauvage et dévoyée, Il goûte le miel des larmes et du repentir, Refusant la joie ; et son rire ou son courroux Ne sont qu’une musique brisée de son âme Qui cherche, réconciliée, sa rime divine. Toujours il vient à nous à travers les années, Un visage nouveau de l’ancienne tendresse. Son rire de bonheur nous surprend, ou il appelle Comme une flûte enivrante au loin dans les branches Des bois qui palpitent dans la clarté de la lune, Invitant notre quête furieuse et passionnée. Déguisé, l’Amant recherche et attire nos âmes. Les dieux violents et obscurcis eux aussi, Jaillis du même sein dans la rage de trouver Ce qu’avaient manqué les dieux blancs, - eux aussi sont saufs ; Les yeux d’une mère sont sur eux, les bras tendus

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