Savitri - Book Ten - Canto 2

Thou hast woven on the Immortals' borrowed loom The ideal's gorgeous and unfading robe. The ideal never yet was real made. Imprisoned in form that glory cannot live; Into a body shut it breathes no more. Intangible, remote, for ever pure, To inhabit a white temple in man's heart: In his heart it shines rejected by his life. Immutable, bodiless, beautiful, grand and dumb, Immobile on its shining throne it sits; Dumb it receives his offering and his prayer. It has no voice to answer to his call, No feet that move, no hands to take his gifts: Aerial statue of the nude Idea, Virgin conception of a bodiless god, Its light stirs man the thinker to create An earthly semblance of diviner things. Its hued reflection falls upon man's acts; His institutions are its cenotaphs, He signs his dead conventions with its name; His virtues don the Ideal's skiey robe And a nimbus of the outline of its face: He hides their littleness with the divine Name. Yet insufficient is the bright pretence To screen their indigent and earthy make: Earth only is there and not some heavenly source. If heavens there are they are veiled in their own light, If a Truth eternal somewhere reigns unknown, It burns in a tremendous void of God; For truth shines far from the falsehoods of the world; A sovereign of its own brilliant void, Unwillingly it descends to earthly air

As-tu emprunté le métier des Immortels Pour tisser la robe somptueuse de l’idéal. Mais l’idéal n’a jamais été réalisé.

Sa gloire ne peut vivre emprisonnée dans la forme ; Dans un corps enclose elle ne peut plus respirer. Intangible et distante et à jamais pure, Souveraine de son propre vide brillant, Elle descend malgré elle dans l’air de la terre Pour habiter un temple blanc dans le cœur de l’homme. Dans son cœur elle rayonne, rejetée par sa vie. Immuable, sans corps, belle et grande et muette, Immobile elle siège sur son trône radieux ; Muette elle reçoit son offrande et sa prière. Elle n’a pas de voix pour répondre à son appel, De pieds pour bouger, de mains pour prendre ses dons : Une statue aérienne de l’Idée nue, Vierge conception d’un dieu immatériel, Sa lumière incite l’homme, le penseur, à créer Une semblance ici-bas de choses plus divines. Les actes de l’homme se parent de ses reflets ; Ses institutions deviennent ses cénotaphes, Ses conventions mortes il signe avec son nom ;

De sa robe de ciel il revêt ses vertus Et les nimbe du contour de son visage : Il cache leur petitesse avec le Nom divin. Mais l’éclatante prétention est insuffisante A dissimuler leur facture indigente :

Ce n’est que la terre, et non quelque source céleste. S’il y a des cieux, leur propre lumière les voile, Si quelque part, inconnue, règne une Vérité, C’est dans un vide de Dieu qu’elle flamboie, Car elle rayonne loin des mensonges du monde ;

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