Savitri - Book Ten - Canto 2

Throwing its light on a dark shadowy ground, It touches only and leaves a luminous smudge. Immortality thou claimest for thy spirit, But immortality for imperfect man, A god who hurts himself at every step, Would be a cycle of eternal pain. Wisdom and love thou claimest as thy right; But knowledge in this world is error's mate, A brilliant procuress of Nescience, And human love a posturer on earth-stage Who imitates with verve a faery dance. An extract pressed from hard experience, Man's knowledge casked in the barrels of Memory Has the harsh savour of a mortal draught: A sweet secretion from the erotic glands Flattering and torturing the burning nerves Love is a honey and poison in the breast Drunk by it as the nectar of the gods. Earth's human wisdom is no great-browed power, And love no gleaming angel from the skies; If they aspire beyond earth's dullard air, Arriving sunwards with frail waxen wings, How high could reach that forced unnatural flight? But not on earth can divine wisdom reign And not on earth can divine love be found; Heaven-born, only in heaven can they live; Or else there too perhaps they are shining dreams. Nay, is not all thou art and doest a dream? Thy mind and life are tricks of Matter's force. If thy mind seems to thee a radiant sun, If thy life runs a swift and glorious stream, This is the illusion of thy mortal heart

Jetant sa lumière sur un sol obscurci, Elle n’y laisse qu’une tache plus claire. Tu réclames l’immortalité pour ton esprit, Mais l’immortalité pour l’homme imparfait, Un dieu qui se blesse lui-même à chaque pas, Serait un cycle de douleur éternelle. A la sagesse et l’amour tu réclames ton droit, Mais ici la connaissance est mariée à l’erreur, Une brillante pourvoyeuse de Nescience, Et l’amour un poseur sur la scène de la terre Qui imite avec verve une danse féerique. Un extrait pressé de la difficile expérience, Le savoir de l’homme dans les fûts de la Mémoire A l’âpre saveur d’un breuvage mortel : Une douce sécrétion des glandes érotiques Flattant et torturant les nerfs enflammés, L’amour est un miel et un poison dans la poitrine Qui le boit comme le nectar même des dieux. La sagesse humaine n’est pas un noble pouvoir Et l’amour n’est pas un ange venu des cieux ; S’ils aspirent par-delà l’air de la terre, Venant vers le soleil avec leurs ailes de cire, A quelle hauteur pourra monter ce vol forcé ? Ce n’est pas sur terre que peut régner la sagesse Ou que l’amour divin peut être trouvé ; Nés au ciel, ils ne peuvent vivre qu’au ciel ; Ou peut-être là aussi ne sont-ils que des songes. Tout ce que tu es et fais n’est-il pas un rêve ? Ton mental et ta vie sont des trucs de la Matière. Si ton mental te semble être un radieux soleil,

Si ta vie s’écoule en un fleuve glorieux, C’est l’illusion de ton cœur mortel ébloui

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