Savitri - Book Six - Canto 2

If to some being of eternal bliss It is our spirit's destiny to return

Si à un être de béatitude éternelle C’est la destinée de notre esprit de retourner, Ou au calme de quelque hauteur impersonnelle, Puisque nous sommes Cela et venons de Cela, D’où s’est levé l’étrange et stérile interlude Qui interminable se perpétue dans le Temps ? Qui a voulu former ou feindre un univers Dans le vide froid de l’Espace infini ? Ou, si ces êtres et leurs vies devaient advenir, Quel besoin avait l’âme d’ignorance et de larmes ? D’où a surgi l’appel à la peine et la douleur ? Ou tout est arrivé malgré soi sans une cause ? Quelle puissance força l’esprit à la naissance ? Témoin éternel autrefois de l’éternité, Hôte sans mort parmi des scènes transitoires, Il dresse son camp dans la pénombre de la vie Parmi les débris de ses pensées et ses rêves. Ou qui l’a persuadé de chuter de son bonheur Un errant dans la détresse et la beauté du monde, Portant son fardeau de joie, de peine et d’amour ? Ou, si personne ne veille sur l’oeuvre du Temps, Quelle inflexible impersonnelle Nécessité Contraint le vain labeur d’existences éphémères ? Et de renoncer à son immortel privilège ? Qui lui a imposé cette volonté de vivre Une Illusion alors a construit les étoiles. Mais alors où est la sécurité de l’âme, Son équilibre dans ce cercle d’astres factices ? Ou bien c’est une vagabonde loin du foyer Qui s’est égarée dans une impasse de Temps Et ne trouve pas d’issue à ce monde insensé. Où commence et où s’achève cette Illusion ?

Or some still impersonal height of endless calm, Since That we are and out of That we came, Whence rose the strange and sterile interlude Lasting in vain through interminable Time? Who willed to form or feign a universe In the cold and endless emptiness of Space? Or if these beings must be and their brief lives, What need had the soul of ignorance and tears? Whence rose the call for sorrow and for pain? Or all came helplessly without a cause? What power forced the immortal spirit to birth? The eternal witness once of eternity, A deathless sojourner mid transient scenes, He camps in life's half-lit obscurity Amid the debris of his thoughts and dreams. Or who persuaded it to fall from bliss And forfeit its immortal privilege? Who laid on it the ceaseless will to live A wanderer in this beautiful, sorrowful world, And bear its load of joy and grief and love? Or if no being watches the works of Time, What hard impersonal Necessity Compels the vain toil of brief living things? A great Illusion then has built the stars. But where then is the soul's security, Its poise in this circling of unreal suns? Or else it is a wanderer from its home Who strayed into a blind alley of Time and chance And finds no issue from a meaningless world. Or where begins and ends Illusion's reign?

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