Savitri - Book Seven - Canto 6

Even now some thoughts could cross her solitude; These surged not from the depths or from within Cast up from formlessness to seek a form, Spoke not the body's need nor voiced life's call. These seemed not born nor made in human Time: Children of cosmic Nature from a far world, Idea's shapes in complete armour of words Posted like travellers in an alien space. Out of some far expanse they seemed to come As if carried on vast wings like large white sails, And with easy access reached the inner ear As though they used a natural privileged right To the high royal entries of the soul. As yet their path lay deep-concealed in light. Then looking to know whence the intruders came She saw a spiritual immensity Pervading and encompassing the world-space As ether our transparent tangible air, And through it sailing tranquilly a thought. As smoothly glides a ship nearing its port, Ignorant of embargo and blockade, Confident of entrance and the visa's seal, It came to the silent city of the brain Towards its accustomed and expectant quay, After a long vacant pause another appeared And others one by one suddenly emerged, Mind's unexpected visitors from the Unseen Like far-off sails upon a lonely sea. But soon that commerce failed, none reached mind's coast. Then all grew still, nothing moved any more: But met a barring will, a blow of Force And sank vanishing in the immensity.

Mais des pensées traversaient encore son espace ; Elles ne venaient ni des fonds ni de l’intérieur Projetées à la recherche d’une forme, Ni du besoin du corps, ni de l’appel de la vie. Elles n’étaient ni nées ni créées dans notre Temps : Enfants de la Nature d’un monde distant, Formes de l’Idée sous leurs armures de mots, Voyageuses postées dans un milieu étranger, Elles semblaient venir d’une étendue lointaine Sur de vastes ailes comme des voiles blanches, Mais leur chemin demeurait voilé dans la lumière. Alors, cherchant à savoir d’où venaient les intruses, Elle découvrit une immensité spirituelle Imprégnant et environnant l’espace du monde, Tout comme l’éther environne notre air, Et, la traversant tranquillement, une pensée. Comme glisse un navire s’approchant de son port, Ignorant de l’embargo et du blocus, Assuré de son admission et de son visa, Et accéder avec aise à l’oreille intérieure Comme par un privilège de droit naturel Aux hautes entrées royales de l’âme.

Elle venait à la cité du cerveau Vers le quai qui lui était réservé, Mais se heurtait à un souffle de Force Et sombrait évanouie dans cet infini.

Après une longue pause une autre apparaissait Et d’autres une par une soudain émergeaient, Visiteuses inattendues depuis l’Invisible Telles des voiles lointaines sur l’horizon. Puis ce commerce faillit, sans atteindre la côte. Alors tout devint tranquille, plus rien ne bougea :

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