Savitri - Book Seven - Canto 3

All this streamed past her and seemed to her vision's sight As if around a high and voiceless isle A clamour of waters from far unknown hills Swallowed its narrow banks in crowding waves And made a hungry world of white wild foam: Hastening, a dragon with a million feet, Its foam and cry a drunken giant's din, Tossing a mane of Darkness into God's sky, It ebbed receding into a distant roar. Then smiled again a large and tranquil air: Blue heaven, green earth, partners of Beauty's reign, Lived as of old, companions in happiness; And in the world's heart laughed the joy of life. All now was still, the soil shone dry and pure. Through it all she moved not, plunged not in the vain waves. Out of the vastness of the silent self Life's clamour fled; her spirit was mute and free. Then journeying forward through the self's wide hush She came into a brilliant ordered Space. There Life dwelt parked in an armed tranquillity; She kept no more her vehement stride and rush; She had lost the careless majesty of her muse And the ample grandeur of her regal force; Curbed were her mighty pomps, her splendid waste, Sobered the revels of her bacchant play, Cut down were her squanderings in desire's bazaar, Coerced her despot will, her fancy's dance, A chain was on her strong insurgent heart. Tamed to the modesty of a measured pace,

Tout ceci défilait devant elle et lui semblait Comme si, autour d’une île haute et sans voix, Une clameur d’eaux dévalait de monts inconnus Dévorant ses bancs étroits d’une masse de vagues, Un monde d’écume sauvage affamée : Se hâtant tel un dragon aux millions de pieds, Bouillonnant et hurlant comme un géant enivré, Secouant sa crinière de Ténèbre dans le ciel, Sa marée reflua dans un lointain grondement. Et revint le sourire d’un air large et tranquille. Le ciel et la terre, partenaires de la Beauté, Vivaient comme jadis, compagnons dans le bonheur ; Dans le cœur du monde riait la joie de la vie. Tout était paisible et le sol brillait, ferme et pur. Impassible, elle n’avait pas plongé dans les vagues. De l’étendue de l’être silencieux le tumulte De la Vie enfin s’enfuit ; son esprit était libre. Puis, poursuivant son chemin dans le calme du soi, Elle parvint dans un Espace clair, ordonné, Où la Vie était parquée dans une paix armée ; Une chaîne était posée sur son cœur insurgent. Domptée à la modestie d’un pas mesuré, Elle n’avait plus son impétueuse véhémence ; Elle avait perdu son insouciante majesté Et l’ample grandeur de sa force royale ; Réfrénés, ses fastes et ses dépenses splendides, Dégrisées, les orgies de ses jeux bachiques, Réduits, ses excès dans le bazar du désir Et contraints, son despotisme et sa fantaisie,

9

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online