Savitri - Book One - Canto 1

Her greatness weighed upon its ignorant breast And from its dim chasms welled a dire return, A portion of its sorrow, struggle, fall. To live with grief, to confront death on her road,— The mortal's lot became the Immortal's share. Thus trapped in the gin of earthly destinies,

Sa grandeur pesait sur le sein de la terre Et, de ses gouffres, jaillit une sinistre réponse, Une portion de sa peine, sa lutte, sa déchéance. Vivre avec le malheur et confronter la mort, - Le lot du mortel devint la part de l’Eternel. Ainsi prise au piège des destinées ici-bas, Attendant l’heure de son épreuve demeura, Proscrite de sa félicité native, Acceptant l’obscure robe de la vie terrestre, Se cachant même de ceux qu’elle aimait, La déité grandie par un destin humain. Une sombre prémonition la séparait De ceux dont elle était l’étoile et le soutien ; Trop grande pour divulguer le péril et la peine, Dans ses fonds déchirés elle gardait le malheur. Tel celui qui, veillant sur des hommes aveuglés, Soulève la charge d’une race ignorante, Abritant un ennemi que son coeur nourrissait, Inconnu son acte, et le sort qu’elle affrontait, Sans aide elle devait prévoir et craindre et oser. Longtemps pressenti survint le matin fatidique Apportant un midi semblable à tous les autres. Car la Nature avance sur sa grande route Sans se soucier de briser une âme, une existence ; Laissant ses victimes elle poursuit son voyage : L’homme seul s’en avise, et le regard de Dieu. Même en ce moment du désespoir de son âme, Dans son rendez-vous avec la mort et l’effroi, Nul cri ne jaillit de ses lèvres, nul appel à l’aide ; A personne elle ne confia sa détresse : calme, Son visage, et le courage la gardait muette.

Awaiting her ordeal's hour abode, Outcast from her inborn felicity,

Accepting life's obscure terrestrial robe, Hiding herself even from those she loved, The godhead greater by a human fate.

A dark foreknowledge separated her From all of whom she was the star and stay; Too great to impart the peril and the pain, In her torn depths she kept the grief to come. As one who watching over men left blind Takes up the load of an unwitting race, Harbouring a foe whom with her heart she must feed, Unknown her act, unknown the doom she faced, Unhelped she must foresee and dread and dare. The long-foreknown and fatal morn was here Bringing a noon that seemed like every noon. For Nature walks upon her mighty way Unheeding when she breaks a soul, a life; Leaving her slain behind she travels on: Man only marks and God's all-seeing eyes. Even in this moment of her soul's despair, In its grim rendezvous with death and fear, No cry broke from her lips, no call for aid; She told the secret of her woe to none: Calm was her face and courage kept her mute.

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