Savitri -Book Four- Canto 3

And look through Nature with sun-gazing lids And blow your conch-shells at the Eternal's gate. Authors of earth's high change, to you it is given To cross the dangerous spaces of the soul And touch the mighty Mother stark awake And meet the Omnipotent in this house of flesh And make of life the million-bodied One. The earth you tread is a border screened from heaven; The life you lead conceals the light you are. Immortal Powers sweep flaming past your doors; Far-off upon your tops the god-chant sounds While to exceed yourselves thought's trumpets call, Heard by a few, but fewer dare aspire, The nympholepts of the ecstasy and the blaze. An epic of hope and failure breaks earth's heart; Her force and will exceed her form and fate. A goddess in a net of transience caught, Self-bound in the pastures of death she dreams of life, Self-racked with the pains of hell aspires to joy, And builds to hope her altars of despair, Knows that one high step might enfranchise all And, suffering, looks for greatness in her sons. But dim in human hearts the ascending fire, The invisible Grandeur sits unworshipped there; Man sees the Highest in a limiting form Or looks upon a Person, hears a Name. He turns for little gains to ignorant Powers Or kindles his altar lights to a demon face. He loves the Ignorance fathering his pain. A spell is laid upon his glorious strengths; He has lost the inner Voice that led his thoughts, And masking the oracular tripod seat

Et partout dans la Nature verrez le soleil Et soufflerez de vos conques aux portes de Dieu. Auteurs du changement terrestre, il vous est donné De traverser les dangereux espaces de l’âme Et d’éveiller la Mère de votre toucher, De trouver l’Omnipotent dans ce foyer de chair Et faire de la vie même Son corps innombrable. La terre que vous foulez est à l’orée du ciel ; La vie que vous menez cache votre lumière. Des Pouvoirs immortels flamboient à vos portes, Loin sur vos sommets le chant divin retentit Et les trompettes de la pensée vous appellent, Qu’un petit nombre entend ; plus rares ceux qui aspirent, Déesse capturée dans un filet d’éphémère, Liée dans les prés de la mort, rêvant de la vie, Suppliciée dans l’enfer et aspirant à la joie, Erigeant ses autels de détresse à l’espérance, Elle sait qu’un seul pas pourrait tout affranchir Et, douloureuse, cherche la grandeur dans ses fils. Mais faible est, dans les cœurs humains, le feu ascendant, La Grandeur invisible n’y est pas vénérée ; L’homme voit le Très Haut dans une forme finie, Ou il regarde une Personne, ou entend un Nom. Pour de petits gains il s’ouvre à des Pouvoirs obscurs Les nympholeptes de l’extase et du brasier. Une épopée d’espoir trahi accable la terre ; Sa force intérieure excède sa forme et son sort.

Ou il allume ses cierges devant un démon. Il aime l’Ignorance qui engendre sa peine. Un sortilège est posé sur ses forces glorieuses ; Il a perdu le guide de la Voix intérieure Et, masquant le trépied divinatoire,

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