Savitri - Book Five- Canto 3

A living night enclosed the strong man's paths, Heaven's brilliant gods recalled their careless gifts, Took from blank eyes their glad and helping ray And led the uncertain goddess from his side. Outcast from empire of the outer light, Lost to the comradeship of seeing men, He sojourns in two solitudes, within And in the solemn rustle of the woods. Son of that king, I, Satyavan, have lived Contented, for not yet of thee aware, In my high-peopled loneliness of spirit And this huge vital murmur kin to me, Nursed by the vastness, pupil of solitude. Great Nature came to her recovered child; I reigned in a kingdom of a nobler kind Than men can build upon dull Matter's soil; In the great tapestried chambers of her state, Free in her boundless palace I have dwelt Indulged by the warm mother of us all, Reared with my natural brothers in her house. I lay in the wide bare embrace of heaven, The sunlight's radiant blessing clasped my brow, The moonbeams' silver ecstasy at night Kissed my dim lids to sleep. Earth's morns were mine; Lured by faint murmurings with the green-robed hours I met the frankness of the primal earth, I enjoyed the intimacy of infant God.

Une nuit vivante enferma ses chemins, Les dieux rappelèrent leurs cadeaux insouciants, Retirant de ses yeux leur joyeux rayon Et menèrent loin de lui la déesse incertaine. Proscrit de l’empire de la lumière extérieure, Perdu à la camaraderie de ceux qui voient, Il séjourne en deux solitudes, au-dedans Et dans le bruissement solennel de ces bois. Fils de ce roi, j’ai, Satyavan, vécu satisfait - Car je n’étais pas encore conscient de toi - Dans le haut isolement de mon esprit Et cet énorme murmure vital qui m’est cher, Nourri pas l’espace, élevé par la solitude. La Nature vint à son enfant retrouvé ; Je régnais dans un royaume plus noble Que n’en bâtissent les hommes sur le sol inerte ; Je trouvais la pure franchise de la terre Et la tendre intimité de l’enfant divin. Dans les grandes chambres ornées de son empire, Libre en son palais illimité j’ai résidé, Accueilli par la chaleur de notre mère, Elevé chez elle avec mes frères naturels. Je m’étendais dans les grands bras du ciel, Le rayonnement du jour bénissait mon front, L’extase argentée de la lune pour m’endormir Baisait mes paupières. Les matins étaient miens ; Attiré par les faibles murmures de leurs heures Je vagabondais dans les bois, soumis à la voix Des vents et des eaux, partenaire du soleil, A l’écoute du langage de l’univers : Mon esprit comblé au-dedans de moi savait Divin notre héritage et fastueuse notre vie

I wandered lost in woods, prone to the voice Of winds and waters, partner of the sun's joy, A listener to the universal speech: My spirit satisfied within me knew Godlike our birthright, luxuried our life

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