Questions et méditations

Nous éprouvons la peine ou l’horreur ou la compassion ou nous partageons partiellement la souffrance d’un individu, d’un corps, ou même de quelques corps ensemble, mais notre empathie cesse d’opérer dès qu’il s’agit d’un nombre plus important de personnes. Ainsi même médecins, infirmiers et aides-soignants connaissent-ils un seuil d’empathie tolérable au-delà duquel leur sensibilité cesse d’agir. Pourquoi ? Cette limitation est-elle celle de l’ego physique, qui ne peut s’identifier que momentanément et ponctuellement dans des limites de proximité personnelle et redouterait de se perdre dans la foule ou d’y être engouffré ? Pourtant nous nous sentons parfois renforcés, augmentés, amplifiés et encouragés par le nombre, à certaines occasions ou dans certaines circonstances suscitant un large regroupement de personnes, parfois de manière inattendue, dans lesquelles les énergies circulent avec une vigueur inaccessible à l’individu isolé. Et professeurs et enseignants qui doivent habituellement ou fréquemment s’adresser à des assemblées de personnes individuelles afin de leur communiquer de la connaissance ou du savoir-faire, développent une capacité de relation au nombre qui peut s’appliquer à une multitude de situations. C’est qu’il ne s’agit plus de leur affect, seul, mais d’une aptitude à établir une sorte d’impersonnalité dans leur action.

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L’impersonnalité effective n’est possible qu’une fois que l’ego est dissous.

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