Questions et méditations

C’est l’identification qui nous enferre.

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Nous sommes attachés, nous souffrons, nous désirons, nous désespérons – parce que nous sommes identifiés. Identifiés à la personnalité instrumentale, à ce petit amalgame provisoire qui est « moi », ce passé, cette histoire, ces atouts, ces lacunes, cette complexité, ces possibilités, ce voyage – et ce corps = plus l’on s’approche du corps et plus l’identification se resserre. Notre être vital le plus matériel, notre être nerveux, est un étroit cordon d’énergie autant qu’une enveloppe dont le corps-même a constamment besoin pour persister dans sa forme et son organisme. Pour recouvrer l’intégrité de la vraie conscience tout en demeurant incarné, il faut trancher ce lien, ou le dissoudre, ou le maîtriser : c’est ainsi que les anciennes disciplines initiatiques comportaient toujours une épreuve centrale, l’épreuve la plus critique et déterminante, celle de la mort physique. Ressortir lucide et libéré de cette expérience radicale était la condition pour affronter d’autres dangers, pour servir la vérité, pour tenir le flambeau de la conscience dans ce monde comme dans les autres.

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Sous l’effet d’une terreur envahissante, ou d’un désir intense, ou d’un plaisir extrême, ou d’une douleur aigüe, l’identification se resserre encore jusqu’à devenir exclusive – absolue.

Il semble alors qu’il soit devenu impossible de s’en extraire ou de s’en abstraire.

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