Quelle ville?

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La première génération des enfants natifs de sa ville approchait maintenant de l’âge adulte ; marqués par une certaine incongruité entre les discours et les actes, ils partageaient une méfiance ou un recul envers tout culte et toute doctrine. Mais ils étaient curieux de tout, et n’auraient pour rien au monde échangé leur place dans cet environnement qu’ils aimaient et ne cessaient de découvrir malgré tous les cailloux rencontrés. Et de nombreux autres, nés en d’autres contrées ou dans le voisinage, mais grandis avec eux, apportaient d’autres richesses, comme d’autres travers hérités, à l’expérience commune. Se rendre disponible à leur propre éducation – leur propre découverte du monde et d’eux-mêmes et leur propre épanouissement -, devint la mission d’équipes dédiées, et occasionna la formation d’un Centre d’Education se fondant sur les principes qu’Elle et Lui avaient établi pour l’école de l’ashram, en les appliquant et les adaptant aux besoins du présent. Pour cela aussi, il fallait des abris, des structures physiques et matérielles harmonieuses : le poème solide de cette première « Dernière école » que R. avait érigée comme une sculpture vivante aux premières années d’ « Aspiration » était depuis longtemps trop petite, et trop distante des nouveaux centres de vie. Tous ces enfants, ces adolescents vigoureux, assoiffés, souvent intrépides mais sensibles et épris de droiture, demandaient une réelle attention.

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Ce que nous avons banni et rejeté à l’extérieur, nous revient tôt ou tard du dedans, et la vie se charge de nous remettre en face de ce que nous n’avons pas su offrir en vérité, jusqu’à ce que, acceptant que nous portons

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