Mon expérience de Satprem

Beaucoup se trouvèrent exclus ou méprisés ou mal compris, sinon diminués par ce qu’ils ressentirent comme des excès et des fautes de conduite ou de goût. Toutefois la situation devint si concrète, se traduisant par des actions physiques sur le terrain même d’Auroville, qu’une sorte d’unanimité prévalut dans les faits. Aucun Aurovillien ne souhaitait vivre et travailler sur le chemin d’Auroville selon les directives des gens de la SAS qui, eux, demeuraient à Pondichéry dans le confort et les coutumes et traditions de dévotion et d’obéissance qui, souvent, semblaient quelque peu hypocrites. Il se présentait là comme un autre visage de la même ancienne division entre l’Esprit et la Mat ière, cette fois-ci entre « la vie spirituelle » et une incarnation véritable telle que Mère en avait frayé le chemin matériel. Et Satprem savait mieux que quiconque évoquer et invoquer ce chemin-là, dans s es nombreuses lettres aux uns et aux autres qui s’ adressaient à lui pour éclairer la confusion. A mesure que le travail de transcription de l’Agenda se poursuivait et que les premiers volumes un à un venaient à jour et que, d’autre part et simultanément les affaires d’Auroville prenaient une tournure plus critique, Satprem souhaita partager plus vite certaines paroles de Mère avec les Aurovilliens qui « pourraient les comprendre ». Ainsi se forma une sorte de filière sacrée – ou d’affiliation initiatique – dont quelques-uns devinrent les officiants. Selon ce critère, le Mantra de Mère fut introduit avec toute la densité dramatique d’un épisode de la Table Ronde. (A cette occasion, je vécus un épisode très illustratif de toute une dérive qui causerait de profonds écarts au cours des années, là où la fraternité aurait dû grandir. Satprem avait donc écrit une lettre à ces Aurovilliens dignes de recevoir le Mantra, où il transmettait aussi la signification de chaque terme du Mantra telle que Mère le lui avait indiqué. Pourquoi toute cette mise en scène, alors que Il y avait « ceux qui étaient clairs »… et les autres.

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