Lettres à Divakar jusqu'à 2005

pour leur juste désir et besoin de recouvrer une dignité et une vraie indépendance pour leur pays entier. Ils écrivirent ainsi ensemble un premier livre sur la question algérienne : « Notre Guerre ». Puis ils commencèrent d’aider plus activement et plus pratiquement au soutien de cette entreprise. Francis, pourtant très occupé par la rédaction de ses livres – tel « Le Problème Moral et la Pensée de Sartre » - et la direction d’une collection aux Editions du Seuil, dans laquelle il publia lui-même deux ouvrages, sur Montaigne et sur Sartre, s’engagea plus particulièrement, avec son besoin de sens et de cohérence, dans une action qui devint bientôt, par force, clandestine. Colette avait alors à sa charge, un garçon de 6 ans, un père retraité et trop affaibli pour contribuer à la cagnotte, et une femme d’une cinquantaine d’années, Mamie, une bretonne de Saint Briac qui s’était prise de dévotion pour moi quelques années plus tôt et avait choisi de nous suivre et de vivre avec nous, s’occupant de moi et des besoins de la famille, à demeure. Nous vivions alors dans un petit appartement de la rue Henri Monnier ; il fallait bien me mettre à l’école – bien que tout le monde se soit appliqué déjà à m’apprendre à lire et écrire -, et pouvoir couvrir toutes les dépenses. Nous déménageâmes alors dans un pavillon assez délabré, dont les étages étaient occupés par d’autres familles, au milieu d’une sorte de parc presque abandonné, où se trouvaient un ou deux autres pavillons, en bordure d’une plus grande forêt, au Petit Clamart, tout près de Paris. L’école où je devais me rendre se trouvait à 2 ou 3 kilomètres de marche. Colette allait et venait chaque jour à son travail officiel, au volant de sa petite Citroën Deux Chevaux – et parfois se rendait clandestinement ici ou là, dans d’autres véhicules, pour des tâches ponctuelles.

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