Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Sa mère faisait des travaux de couture ; d’origine bretonne, ce côté de la famille était plus fantasque : une tante rebelle qui mena sa vie selon ses propres règles, ouvrit toute seule une librairie à Saint Malo, mania les armes à feu et fit remuer les langues ; un cousin comédien, etc. Colette eut une enfance paisible et heureuse ; enfant unique, ses parents surent ne pas l’étouffer, et sa mère surtout, qui mourut encore jeune, fut pour elle une amie véritable. Elle a travaillé dés l’adolescence : à peine obtenu son brevet, il fallut bien qu’elle commence de gagner un peu d’argent et elle eut son premier boulot dans une banque, comme petite secrétaire. Elle fut mariée peu avant la deuxième Guerre Mondiale ; mais son jeune et nouvel époux fut appelé à joindre l’armée et ne revint qu’à la fin de la guerre, et Colette avait évolué au-delà de cette relation et, de part et d’autre, la décision fut prise de divorcer. Une question qui troubla Colette profondément durant toutes les années qui suivirent : comment lui fut-il possible d’ignorer si totalement, si effectivement l’existence des camps de concentration et le sort réservé à tant de millions de personnes… Mais elle vécut presque toute la période de la guerre dans Paris occupée et, si son père par exemple entendit jamais sur les ondes radio de telles informations, il ne lui en dit rien ; ses souvenirs de ces années sombres sont d’une sorte de longue privation – la disette -, mais sans être jamais exposée à l’horreur et la violence. Au cours de ces années et de celles qui succédèrent à la libération, elle s’aventura, à travers des amitiés, dans un milieu plus bohème et eut longtemps pour compagnon un artiste peintre qui lui voua une sorte d’adoration inconditionnelle.

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