Lettres à Divakar jusqu'à 2005

J’ai eu la chance et la grâce d’avoir Colette pour mère physique. Je pense qu’il est objectivement correct de qualifier notre relation, son évolution, sa qualité et sa profondeur, de tout à fait exceptionnelles. Je peux dire avec certitude que depuis le moment de ma naissance, et même peut-être un peu avant, jusqu’au moment de son départ, la veille de mon 55 ème anniversaire, nous avons partagé de plus en plus, nous sommes de mieux en mieux accompagnés, avons pu célébrer de plus en plus clairement cette relation qui s’est approchée progressivement de l’amour véritable, sans qu’elle soit jamais exclusive. Le parcours de Colette, la trajectoire qu’elle a tracée avec sa vie, sont exemplaires d’une force tranquille en mouvement constant de progrès. Sa calme beauté sans esbroufe, son élégance naturelle, ont eu le caractère d’une permanence, d’une réalisation que rien ne pourrait plus altérer, pas même l’âge. Sa flamme, son goût de la vie, son respect spontané de chacun et de tous, sa liberté irréductible, sa loyauté inconditionnelle, son indépendance et son questionnement inconvertibles, sont certainement, pour les quelques êtres qui ont partagé avec elle le chemin, incomparables.

Quelques points de repère pour mieux appréhender ce parcours et cette trajectoire.

Colette est venue au monde en mai 1913, juste avant la première Guerre Mondiale, dans un « petit milieu » : presque tout en bas de l’échelle sociale. Son père fut donc bientôt appelé sur le front – la guerre des tranchées - où il fut assez gravement blessé pour être évacué et ramené au foyer. Il occupa plus tard différents postes d’employé (aux Galeries Lafayette par exemple).

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