Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Ta lettre du 11, et droit à mon cœur et dans mon cœur : tes mots sur mon honnêteté ! Emue et toute fière à ces mots venant de toi ; et aussi des sources de réflexion qui font bouger en moi certaines zones ou positions, je ne sais comment dire, qui étaient là, fixées, sans que je puisse soupçonner que leur mise en mouvement, leur mise en question étaient nécessaires au dévoilement de certaines exigences. Bref, tes mots si directs et évidents sur la fascination, la séduction… Avant-hier, et selon ce qui devient notre habitude, j’ai déjeuné avec Gaby à la Coupole. Là au moins notre rencontre se déroule sur un tout autre plan. J’aime bien ces lentes découvertes de l’Autre. C’était important, dans le groupe de Green, de découvrir les affinités ou oppositions de l’un par rapport à tel autre ; et il était devenu évident qu’elle et moi faisions des choix semblables, avions des orientations proches, des pensées et des attitudes voisines par rapport à notre travail. Ce que j’apprécie chez elle, c’est son côté juive tunisienne dont elle n’a pas les excessifs débordements, au contraire elle a beaucoup de pudeur, mais dont elle garde la générosité je dirais corporelle, physique. Tout cela pour te dire qu’il y a dans cette relation une source de progrès qui prend infiniment plus de sens, et très précisément, avec tes remarques sur la fascination et la séduction. Le « hic », c’est que plus il y a en moi de disponibilité au progrès, plus il me parait souvent qu’il s’agit d’un processus irréversible et plus, naturellement, je vis spontanément comme si j’avais devant moi quantité de réalisations potentielles (ce qui n’exclut pas, bien au contraire, la prise en considération de l’existence des obstacles à franchir)… mais plus, également, vient tout aussi spontanément le rappel à la réalité ; comme si ces aubes pourtant réelles
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