Lettres à Divakar jusqu'à 2005

J’ai beaucoup pensé à toi l’autre soir en voyant la 1 ère partie d’un chef-d’œuvre du cinéaste russe Eisenstein, « Ivan le Terrible ». Il est impossible de faire quelque chose de plus beau ; chaque plan, chaque image, chaque visage sont un sommet de l’art. Ce n’est pas du tout un esthétisme réussi, pas du tout. Mais une sorte d’adhésion, de rencontre, d’élan à travers une Beauté absolue. Et cela, mêlé aux images de l’actualité : les massacres, l’horreur au Liban (tu n’as peut-être pas reçu « le Monde » ni « l’Observateur »). Cette coexistence en l’homme de l’horreur et de la beauté au sommet desquelles il atteint ! J’en ai le cœur serré. Et la fin d’Arafat, encerclé avec ses partisans dans le dernier camp qui leur reste, est poignante. Tu sais les réticences que j’ai à son égard, mais il n’est plus question de ça devant – je ne dirai pas le courage, c’est une notion que je ne comprends pas toujours très bien quand l’attitude d’un homme est en accord total avec sa vérité au point qu’il n’a aucune « peur » à dominer -, devant, donc, l’authenticité et la simplicité de cet homme, ses paroles d’espoir, son dépouillement et sa détermination. Que te raconter d’autre ? Jean Claude est un peu le familier de la maison. S’offrant toujours à réparer n’importe quoi, l’électricité par exemple. Ce qui me vaut … un court-circuit au 27 qu’il ne sait pas réparer justement ! Ce mélange en lui de douceur et de violence contenue, une incohérence plus grande que jamais dans les discours qu’il nous adresse donnent à nos dialogues un climat surréaliste que je n’aurais jamais cru pouvoir pratiquer !

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