Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Et Jean Yves décida d’y aller à son tour et y vécut toute l’année 1972, et eut la possibilité de voir Mère dans Sa chambre, brièvement. Et ce fut pour lui aussi radical que pour moi : il avait trouvé son chemin, il fallait maintenant y marcher. Fin 1972 je me retirai de toute entreprise commune et me concentrai pour une dizaine de mois sur la traduction du poème épique de Sri Aurobindo, « Savitri » ; je m’installai dans la petite chambre sous les combles, au-dessus de l’appartement de Colette et René. J’y travaillais tout le jour et ne voyais plus que quelques très proches amis. Ce fut la dernière longue période de nos vies où Colette et moi partageâmes le quotidien. Il devenait évident que je repartirais bientôt en Inde, probablement définitivement. A la fin de l’été 1973, je partis pour une longue randonnée en haute Provence, à pied, travaillant dans des chantiers de volontaires, pour aguerrir mon corps en préparation du travail physique à Auroville (je n’en avais aucune expérience et je n’étais pas ce que l’on appelle un « sportif », mais seulement un bon marcheur). Puis les choses s’intensifièrent ; je sentis qu’il était temps. Tandis que la fois précédente j’avais gagné et trouvé suffisamment d’argent par moi-même, cette fois j’étais sans le sou, et Colette m’offrit le billet d’avion et de quoi vivre les premiers temps. Juste une semaine, je crois, avant mon départ, la télévision (ORTF à l’époque) demanda à Francis de réaliser devant les caméras un entretien avec ses deux fils à propos d’Auroville, de la Mère et de Sri Aurobindo. Jean Yves et moi, sans y penser vraiment, acceptèrent : c’était une bien belle manière d’être ensemble dans nos choix.

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