Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Et finalement elle s’apprêta à venir en Inde me rendre visite et faire elle-même l’expérience de cette réalité qui m’avait, semblait-il, brutalement happé ! Colette avait un peu voyagé : en Algérie, naturellement, et en Union Soviétique et dans quelques pays d’Europe, mais l’Inde, que l’on appelait encore « Les Indes », c’était un autre univers, dont l’image publique moyenne était alors plutôt redoutable, sinon effrayante. J’allai donc la recevoir à Bombay, en mars 1970, pour amortir le choc de la foule indienne avec un séjour dans le luxe raffiné du Taj Mahal Hotel. Arrivés à Pondicherry, Mère arrangea de même tout son séjour dans le Guest-House qui lui conviendrait le mieux, par son confort et la courtoisie de son hôte. Et Colette se trouva donc aux pieds de Mère et reçut Ses Bénédictions le jour de mes 20 ans, quand Mère me nomma « Divakar ». Nous avions de longues conversations : la première période fut très éprouvante, car tout lui sembla d’abord contraire à sa nature et à ce qu’elle pourrait ou souhaiterait jamais vivre. Puis, assez soudainement, vers le milieu de son séjour, elle se détendit, et cette détente la rendit réceptive, et même la chaleur intense d’avril lui parut tout à coup presque vivable, sinon agréable. Et elle reconnut la profondeur de mon choix et le respecta. Et elle commença de rencontrer tel ou tel aspect de Mère et de Son travail, ou telles de Ses paroles, qui l’atteignaient directement, par la force simple de leur évidence, et elle devint sensible à l’atmosphère même de Mère, à ce dynamisme plein d’amour et de « bon sens ». Quelque temps plus tard, je dus revenir en France ; et j’y vécus à nouveau trois années, à l’exception d’un assez long périple en Afrique avec un compagnon et ami rencontré aux pieds de Mère, Krishna (Ahmed M’zali, originaire du Sud marocain).

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