Lettres à Divakar jusqu'à 2005

J’étais en mesure de dire à Colette que je percevais et sentais comme la présence d’un maître, ou d’un « soi » supérieur au-dessus de ma tête, et je pense que mes mutations successives ne semblaient pas menacer indûment mon équilibre mental, car elle n’eut pas trop de difficulté à accepter cette orientation. Ainsi je me tournai vers l’Inde. Une première fois je m’en fus seul sur la route, eus mes 18 ans à Messhad, une petite ville très religieuse en Iran le jour d’un spectaculaire pèlerinage, me fis tout voler, continuai malgré tout, pour me retrouver épuisé par une violente hépatite à Delhi en pleine chaleur de mai 1968. Il fallut bien que Colette me rapatrie ! Pourtant, sitôt que j’eus récupéré quelque vitalité, à la faveur d’une retraite en Bretagne, je repartis en Israël à la rescousse d’une compagne… Vint enfin 1969, et les choses commencèrent de s’éclaircir ; l’impulsion devenait plus solaire et le cœur plus large et les rencontres plus significatives. Je parvins à Pondicherry, à Mère et Sri Aurobindo. J’avais trouvé mon ancre, ma source et mon chemin. Ce fut pour Colette assez rude : je lui demandais tout à coup d’accepter un dépaysement total, un bouleversement de toutes les mesures et tous les repères connus, pour quelque chose qu’elle ne pouvait s’empêcher de redouter – étant donnée l’efflorescence ubiquitaire de sectes de tous acabits, les méfaits des drogues, et l’engouement suspect pour tout ce qui était « oriental » de la part de toute une « jeunesse » en mal de motivation. Mais petit à petit, par le moyen de nos lettres, elle en vint à une sorte d’acceptation de principe, c’est-à-dire qu’elle se déclarait prête à suivre l’expérience tant que je lui laissais la porte de la communication ouverte.

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