Lettres à Divakar jusqu'à 2005

(Et je n’oublie pas Ajneyam, tu t’en doutes : elle est un but, le but.)

Le plus grand service qu’on pourrait rendre à Auroville (et à toi !!) ce serait de parvenir à éparpiller, défaire, désintégrer le groupe Djaïma, et que chacun de ses membres se trouve fondu dans une autre communauté plus vaste, ce qui lui permettrait de trouver ou d’exprimer une personnalité plus vraie, plus libre. Tout groupe tendant à uniformiser les individualités, et à leur donner ainsi une fausse sécurité, finit par transformer telle tendance individuelle en une structure. Il est évident (tu sais, pas besoin d’être psychanalyste, les gens maintenant, du moins ici, savent reconnaître certains mécanismes) que le groupe Djaïma (la forteresse comme dit Ruud) fonctionne mentalement selon un mode paranoïaque : projections (Goupi, Diane soumise à ce pouvoir, Jean probablement), « attaques » ( !) qui les persécutent, attitudes de type magique à l’égard de leurs rêves, etc. Il suffit souvent que dans un tel groupe un seul d’entre eux fonctionne ainsi : car ces personnalités ont du pouvoir d’autant plus qu’elles sont souvent intelligentes, orgueilleuses également, fermées sur leurs peurs. C’est à Djaïma, je le sais, que Ruud pensait plus particulièrement quand il m’a dit : « mais vous savez, il y a du fascisme à Auroville »… (Je l’avais flairé depuis longtemps ce danger… Mais on dirait bien qu’à Auroville, pour atteindre le meilleur – et quel meilleur ! -, il faille passer par le pire…) Reste que, par ailleurs, on apprend beaucoup à être attentif aux choses dans leur succession, leur enchaînement, leur rapport. Trois jours avant la lettre de Diane, tu pouvais ressentir une

évolution positive, effectivement réelle. Et puis trois jours après, paf, la lettre ! Ça ne doit pas être par hasard ?

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