Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Quant à l’autre, directeur su Service Culturel au Sénat, c’est un ami du premier, ce dernier ayant souhaité le faire connaître à René à cause de leur intérêt commun pour Paul Valéry. Ce déjeuner, je n’avais pas envie de le partager, puis au dernier moment j’ai cédé à la prière insistante de René. J’avais en tête un cliché : haut fonctionnaire, sympathique certes, mais quand même… et puis, l’ « intellectuel » ! Bref, j’avais peur de me morfondre. L’intellectuel d’abord : métisse aux cheveux gris bouclés, petit et mince, d’âge indéfinissable, un peu guindé, un peu compassé, et assez impénétrable. Pas sûre de l’aimer beaucoup pour l’instant. Mais il y a l’autre, ce fonctionnaire à qui j’avais prêté une cinquantaine d’années au minimum et une certaine dose de sérieux. Or je vois arriver un grand garçon qui parait au plus quarante ans, habillé d’un jean (c’était son jour de repos il est vrai), adorable ! On peut supposer que lui-même avait en tête un autre cliché : la femme d’un « patron » d’hôpital. On a donc été surpris l’un et l’autre. Ceci dit, il a exprimé de manière absolument évidente, et d’emblée, l’équivalent d’un … coup de foudre que je dirais d’amitié ! Inutile de te dire que cette attitude m’a mise aussitôt à l’aise ! Simplicité et sincérité désarmantes quand, au moment où je me préparais à partir rejoindre le 27, il a dit : « Je suis ennuyé de vous voir partir … je le dis comme ça, je souhaite beaucoup vous revoir, beaucoup… ! ». C’est possible que l’on se revoit, car il a parait-il insisté de la même manière (peut-être complexe ?) auprès de René après mon départ. Mais c’est finalement de peu d’importance, c’est une toute petite histoire. La vraie et grande histoire, c’est ce que m’a appris cette formidable présence qu’il a, avec une telle simplicité, exprimée ; c’est cette force du présent qui m’a éveillée.

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