Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Colette et moi rencontrèrent, dans le cadre d’un cours d’études par correspondance, une femme bien intéressante, passionnée d’antiquité – des Grecs et des Romains -, extrêmement cultivée, dotée d’un humour décapant, qui s’offrit bientôt à jouer le rôle d’une préceptrice, avec une amitié qui devint, pour elle comme pour moi, une référence et un recours. Et avec elle aussi je fis quelques voyages. Mais j’étais à la recherche d’un chemin plus substantiel. Je m’intéressai à divers itinéraires traditionnels, j’étudiai même, à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, côte à côte, les textes et les pratiques des cathares et la connaissance cosmologique et psychologique de la tradition Bambara, suivant la classe de la grande ethnologue Germaine Dieterlen (nul besoin de brevet pour se joindre à cette Ecole !). Je mentionne cette errance et ces tâtonnements parce qu’ils furent partie intégrante du cheminement de Colette, qui ne pouvait alors que se tenir prête à aider, témoin et amie discrète, et l’encouragèrent à développer une confiance profonde et une perception plus directe des êtres et des choses. Je m’intéressai de plus en plus à la « spiritualité », mais avec un besoin de réponse dans la vie, dans la matière. C’était une époque, à la veille de 1968, où une pléthore de « chemins » et de leurs représentants s’offraient à tout venant, parfois invitant à user d’accessoires, tels le cannabis, le hashish, la mescaline ou le LSD. Je m’y essayai parfois. Je faisais de petits boulots, un peu de journalisme, et voyageais le plus souvent possible, surtout au Maghreb et au Moyen Orient. J’apprenais à tisser, à travailler le cuir, les perles, et j’écrivais – deux longs textes poétiques furent ainsi brûlés quelques années plus tard.

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