Lettres à Divakar jusqu'à 2005

1 er -1-1983 Les Prévôts

Aimé,

Demain retour à Paris. Depuis hier c’est le grand froid, et aujourd’hui le brouillard. Mais on a eu cinq jours éblouissants. Limpidité de l’air et de la lumière … sables d’or, campagnes mauves et rousses : mes descriptions, comme tu vois, ne changent guère ! Cependant que mes sensations me paraissent chaque fois se renouveler. Nous avons bien marché : en 5 jours, la Rance, les Ebihens, Paramé, le Canal, Chateauserein… J’espère qu’à distance, je te communique en les vivant (et pas seulement avec mes mots) ces spectacles qui me semblent si bien se relier aux beautés de Sincérité. Après ces marches, j’aime rester à la maison, qui est maintenant comme assurée d’une réelle présence, épanouie. Je lui ai acheté, à la maison, un beau Noël, pour la cheminée de pierre : un ancien sarangui indien, plus exactement tibétain ; c’est un merveilleux instrument de musique à cordes, élancé, avec de belles courbes (dommage que je ne sache pas dessiner), de fines incrustations d’ivoire symboliques – lotus, points cardinaux. C’est René qui l’avait repéré il y a quelques temps, mais j’ai voulu attendre que tout soit fini ici … pour être sûre de la nécessité, de l’appel : et voilà, c’est là !

Je pense que tu as reçu une lettre de Gérard. C’est drôle.

Enfin, voilà : le mercredi 22, le dernier jour en principe où nous pouvions nous voir, on a eu bien le temps de parler et d’être ensemble. Je l’ai trouvé à la fois « en hibernation » selon son expression, et très bien adapté, ouvert à ce qui allait venir.

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