Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Pardonne-moi d’employer un langage qui te rebute un peu, mais je te demande de faire toi-même l’ajustement. Ce langage est encore actuellement celui qui me vient le plus facilement à l’esprit. J’ai été très frappée en septembre de comprendre (ou sentir) combien Diane est fascinée par ses peurs. Combien elle est hantée par la peur de la rupture, qui l’amène à vivre, elle, en état de rupture permanent : besoin de partir (menace de son départ, pour une heure ou pour une semaine), tant elle redoute d’être quittée. Fascinée par un « négativisme » à toute épreuve qui lui procure une visible jouissance, sous-tendue naturellement par de la souffrance. Négativisme presque rythmé, compulsif. Je l’aie sentie coupable à l’égard de Jean, dont l’attitude première l’a beaucoup culpabilisée, et l’a amenée à idéaliser leur passé. Elle redoute que tu lui fasses ce qu’elle lui a fait… et c’est pourquoi elle te « menace » de partir, un jour ou quelques semaines. Et si d’aventure Jean se trouve plus serein, alors elle se sent abandonnée. Elle ne peut pas t’accepter tel que tu es, mais le problème n’est absolument pas là : il sert simplement d’étayage à ses peurs, et de justification à ses fuites ; le problème fondamental, c’est sa non confiance en elle qui lui fait rêver d’être l’objet exclusif pour l’autre, - c’est qu’elle ne s’accepte pas telle qu’elle est. Problème bien universel mais particulièrement aigu chez elle. Je vois mal quel « conseil » je pourrais te donner, sauf celui de percevoir toutes les ramifications en jeu afin de donner le minimum de prise aux provocations (douloureuses pour elle

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