Lettres à Divakar jusqu'à 2005

J’ai retrouvé des lettres de Colette datant des années 60 à 64 ; la lettre qui suit date probablement (l’enveloppe est perdue et Colette indique seulement le jour) de la fin de l’année 1962, et reflète assez clairement à la fois le tourment que je lui causais et l’engagement (le pari) qui était le sien dans une certaine orientation essentiellement fondée sur la confiance et la reconnaissance de l’autre :

« Samedi, Mon petit animal chéri, Voici donc la plus longue lettre promise.

Et je réfléchis qu’elle sera la dernière. Déjà ! Elle te parviendra vraisemblablement mardi. Le lendemain c’est fête. Le surlendemain, tu arrives. Je voudrais t’écrire sur un sujet un peu sérieux : parce qu’il me semble que, par lettre, ça portera mieux, ce sera inhabituel ; et que tu pourras peut-être – dans ce cadre qui te plait, parmi tes joies de liberté, en cette fin d’année (pourquoi pas ?) faire marcher ton ciboulot ½ heure et me comprendre. Enfin, dernière précaution oratoire, ce que j’ai à te dire, qui n’est pas nouveau, je te le dirai avec toute ma tendresse, ce qui n’est pas nouveau non plus. Il s’agit de ton carnet trimestriel, que j’ai reçu il y a quelques jours. Mon chéri : il faut que tu comprennes tout ce que je t’ai dit. Car j’ai raison. Redoubler, c’est une chose. Mais qui, en aucun cas, n’a de raison de s’accompagner d’un laissez aller, d’un refus. Tu fais un mauvais calcul (J’entends bien que tu ne le fais pas exprès ; mais c’est un mauvais calcul quand même !). Il faut que tu te ressaisisses. Tout le monde a de mauvaises périodes de travail. Tu n’es pas le premier, ni le seul dans ce cas ! Simplement, il faut que tu acceptes de m’écouter. Il ne s’agit pas de savoir si j’ai ou non de la peine. La question n’est pas là.

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