Lettres à Divakar jusqu'à 2005

seule charge – Jean Yves et sa sœur jumelle Chantal, de deux ans plus jeunes que moi, et Yannick le cadet. Jean Yves et moi nous reconnûmes sans même y penser, plus frères que si nous avions le même « sang » ; Olivier fut donc notre petit frère commun. Bientôt vint l’amnistie de tous les condamnés, lorsque l’indépendance de l’Algérie fut proclamée, et Francis put retourner à une existence publique. Malraux lui demanda alors de coordonner et d’animer la naissance et la création de la première Maison de la Culture du pays, qui se trouva à Chalon, où il vécut donc avec Christiane et les 4 enfants plusieurs années. Colette, de son côté, s’orientait vers la profession de psychanalyste, à laquelle elle avait accédé à travers sa propre psychanalyse, qu’elle termina, selon les règles, sous contrôle. Ce développement lui ouvrait un nouvel espace de réflexion, en même temps qu’il lui permettait de préserver son indépendance et d’évoluer selon son propre rythme et ses propres termes. De plus, et ce n’était pas la moindre motivation, elle souhaitait pouvoir subvenir à mes besoins sans faire appel à René, car elle comprenait instinctivement que mon chemin serait différent et que je ne supporterais aucune imposition de quiconque. Je montrai vite, en effet, des signes de malaise, de tension, de quête, d’une sorte d’anarchie et d’intensité qui débordait des ornières. L’adolescence était visiblement un inconfort, et les études me retenaient à peine ; je n’étais « bon élève » que pour la rédaction d’essais. Je tins bon pourtant jusqu’à la classe de seconde, pour laquelle je dus entrer au Lycée Henri IV, derrière le Panthéon. Puis je décampai.

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