Itinéraire

dans la même période de temps ; puis je reviendrai, par des anecdotes ou de courts récits, sur chacune d’elles.

La première de ces déviations fut d’accepter l’inimitié au sein même de la famille (l’ensemble de tous ceux qui voulaient servir Mère), et d’identifier l’adversaire avec l’ « autre », plutôt que de travailler à notre propre transformation. Evidemment, dés que Mère n’a plus été visible et accessible dans Sa chambre, l’atmosphère générale s’est considérablement appauvrie et les natures égoïstes individuelles se sont comme réanimées et , sur le territoire encore vierge d’Auroville, nous avions à traiter avec des conceptions par trop étroites et réductrices et des intentions de contrôle par trop bornées et arbitraires pour nous y plier. Mais, en tant que collectivité, nous avons compromis notre loi : nous avons commencé de juger, de condamner, de prétendre « discerner » la présence et l’action de l’adversaire dans ceux qui ne nous soutenaient pas et ce « nous » s’est fragmenté en conséquence.

Ces déviations sont comme de mauvais plis : on veut les redresser, ils se reforment de suite.

Il y eut bien des efforts de réconciliation, au cours des années, mais ils étaient alourdis d’un émotionalisme sans force ni portée. Ces plis sont contagieux et corrosifs ; chacun en devient le relais, en situant l’ennemi ou l’obstacle dans un autre individu, un autre groupe ou une autre association et toute une dynamique d’éloignement et de séparation se déploie.

Lorsque les deux « camps » opposés furent si retranchés, il ne

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