Itinéraire

instrument d’effectuation qui pouvait aussi bien servir l’avenir que maudire et infirmer nos aspirations ; car ce n’était plus quelque part d e l’humanité qui ressentait l’appel et la volonté de collaborer, mais un appareil formidable qui pouvait éventuellement se retourner contre toute velléité d’autonomie. Et à mesure que s’installait cette ambiguïté, la deuxième tentation s’étoffa de maintes petites récriminations, déceptions, plaintes et requêtes diverses, que l’on adresse dans le monde ordinaire à « ceux qui gouvernent et ont le pouvoir » ; le désir ou l’opportunité de s’en remettre à une autorité bien sise et légitime dans l’orbite de la s ociété fit son petit travail de grignotage et une sorte de subtile habitude de trahison put se loger parmi nous. Au lieu de traiter tous les problèmes et toutes les questions comme autant d’occasions données pour progresser ensemble vers plus de conscience et de discernement, plus de capacité à assimiler, intégrer et convertir les parts de notre humanité, cet autre mauvais pli fit sa besogne habituelle et il devint presque acceptable de s’adresser au Gouvernement – à ses représentants – pour toutes manières de redressement ou de justice ou même de soutien moral, et autant d’énergie fut ainsi dévoyée. La troisième déviation découle presque logiquement de la seconde, ou de l’ influence qu’exerça la seconde sur notre approche collective de l’organisation. Au lieu de persévérer dans la discipline progressive de transformer notre attitude envers le pouvoir, d’apprendre à considérer tout travail et toute tâche comme un service à la Conscience de Vérité, qu’ils soient administratifs, créatifs, productifs ou domestiques, nous avons opté pour la centralisation

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