Au sujet d'Auroville 2022-2025
Auroville est située en partie sur le territoire du Tamil Nadu et en partie sur celui de Pondicherry, dont le centre urbain n’est au plus qu’à une dizaine de kilomètres : son développement devint frénétique et chaotique, sans plan ni vision ni contrôle d’aucune sorte, et les environs immédiats d’Auroville devinrent une attraction pour les investisseurs, les spéculateurs et les promoteurs, tandis que bien des personnes privées cherchaient à y acquérir et créer leur propre domaine idyllique. Le prix de la terre monta en flèche et la jalousie, la rancœur et la convoitise devinrent rampantes. Ceux qui plaidaient pour la consolidation prioritaire du territoire destiné à la ville même obtinrent finalement de la Fondation Auroville que les clauses légales interdisant la vente ou l’échange de terres soient amendées, permettant ainsi l’échange de terres situées en -dehors du cercle pour des terres appartenant encore à des personnes privées à l’intérieur de ce périmètre. Ceci eut plusieurs conséquences et effets : les prix montèrent encore plus vite et les représentants de la communauté commencèrent à être considérés, et à se conduire eux-mêmes, comme des propriétaires terriens. Une brèche s’ouvrit dans la réalité intérieure d’Auroville et la protection qui avait jusqu’alors prévalu, malgré tous les manquements et les prétentions ignorantes, en fut affectée. Ce n’était pas une dégradation isolée : dans la plupart des domaines de la vie collective, une perte de sens et d’engagement s’était épandue : les biens étaient désormais évalués et appréciés, les habitations cotées selon le marché et les postes et positions devenaient synonymes d’avancement, tan dis que – comme pour endiguer et neutraliser cette perte -, toujours davantage de règlements étaient introduits, jusqu’à l’absurde. La volonté de diriger Auroville selon une mission sacrée de réaliser une ville modèle d’après ces formes d’inspiration qui étaient, ces décennies passées, devenues presque obsolètes dans un monde fonçant vers la fracture – le mode de développement le plus vilain et le plus destructeur proliférant dans tout le pays -, cette volonté devint néanmoins plus déterminée à obtenir le soutien légal et financier du Gouvernement central qui de son côté, de par la logique propre à ses orientations politiques présentes, en vint à apprécier l’usage qu’il pourrait ainsi faire de tout ce qui avait déjà été accompli. Nombre de résidents pensèr ent aussi que, si le Gouvernement s’engageait activement dans la construction de la « ville idéale », y injectant des fonds publics et s’intéressant à divers projets qui avaient dû attendre déjà longtemps, faute de ressources, le progrès général de toute l ’expérience serait considérablement hâté. Ils pensèrent aussi que, si le Gouvernement y mettait tout son poids légal et politique, cela aiderait à l’acquisition des terres manquantes par échange, mettant fin à tout développement sauvage et parasite dans le territoire de la cité – tel qu’il est indiqué sur les plans.
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