Au sujet d'Auroville 2022-2025

mais certa ins d’entre eux, plus entreprenants, avaient pu investir dans la plantation d’arbres de noix de cajou, qui demandaient très peu de soins, sinon une garde vigilante à la saison de la cueillette. Ceux des villageois qui avaient volontiers vendu leurs terres l’avaient fait soit pour remédier dans l’immédiat à leur précarité (cette région, longtemps abandonnée par les castes dites supérieures, était alors considérée comme particulièrement destituée culturellement et économiquement), soit parce qu’ils avaient du respect et de la confiance envers Mère et Son travail à l’Ashram de Pondicherry et osaient ainsi espérer un changement positif dans leur voisinage. D’autres étaient plus hésitants ou sceptiques, sinon ouvertement hostiles envers cette intrusion. Cependant , à mesure que davantage d’individus se mettaient au travail et développaient le terrain, tout en initiant de nombreuses activités qui aideraient également les habitants locaux à acquérir le savoir-faire de différents métiers et une certaine autonomie écon omique, le sens d’accueil et de bienveillance coopérative s’accrut. L’espace tout entier était comme imprégné, habité par la Force de Mère et un sens vibrant de promesse ; l’argile orangée de cette région du plateau devint comme l’expression de cet être de demain, cet être nouveau, dont la présence animait les moments les plus ordinaires de la vie quotidienne. Le 17 Novembre 1973, à 19h25, au moment où l’on éteignit le dernier vibrateur à la fin du bétonnage de la première dalle reliant les quatre piliers du Matrimandir, le cœur de Mère cessa de battre et son corps fut déclaré « mort ». Durant les quelques années suivantes, une dispute s’envenima entre ceux qui avaient la responsabilité de gérer les affaires de la Société Sri Aurobindo et ceux qui avaient déjà dédié leur vie et tout leur être à l’aventure d’Auroville ; les malentendus, les jugements et les accusations devinrent si virulents qu’aucun accord ne put se faire quant au statut légal d’Auroville et de ses habitants. Où serait situé le droit légal de propriété de toutes les terres et de tous les biens et comment ce droit serait-il interprété ? Qui serait responsable de leur utilisation et de leur développement et qui veillerait sur la conduite et la prospérité de la communauté ? Quelques disciples s’efforcèrent alors de représenter auprès du Gouvernement central de l’Inde la nécessité, pour Auroville et la nature de sa tâche et de sa mission, d’être protégées de toute revendication humaine à sa possession et son contrôle. Ce fut une période de « limbes », dans laquelle Auroville et ses habitants étaient dépourvus d’existence légale : les dirigeants de la Société se conduisaient comme des propriétaires légitimes et les gens des alentours voyaient comment les Auroviliens refusaient leur posture d’autor ité, affirmant que personne ne pouvait

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